à Marius
Un hommage, en peu de mots et quelques photographies - des vieilles diapos de piètre qualité - à Marius, mon presque jumeau, ami disparu, à son petit pays entre Tropique et Equateur, qu‘il m‘a présenté entre fierté et désolation, ouvert comme un grand livre d‘histoire, de géopolitique, de sorcellerie : le Bénin
Souvenirs pêle-mêle
Mots et images en désordre...
Résonnent encore le « bonne arrivée » lancé haut et fort par la famille réunie, pressée de rencontrer le « Yovo » que je suis, et cette phrase dite plus doucement, petite phrase naïve et cruelle, de la plus âgée des fillettes au regard enjôleur « je veux aller avec toi en France, car là-bas je deviendrai blanche et je deviendrai belle… ». Point l’envie de devenir riche, non , juste blanche, condition sine qua non à la beauté… La voici pourtant adorable, peut-être un peu trop maquillée pour l’occasion rare d’être photographiée
Traversée du Sud au Nord - puis du Nord au Sud - des alternances de forêts et d’étendues desséchées parsemées de baobabs tortueux,
ponctuées de villages de huttes de terre, ou villages béton et tôles ondulées.
un périple sur les routes de terre rouge, poussiéreuses ; des paysages, des visages et des regards, des rencontres…
Des images pêle-mêle
Traversée sous le soleil couchant, de la forêt claire de Parakou
et l’attente vespérale juchée sur un refuge si peu rassurant, de l'éventuel passage des éléphants à ce point d’eau presque unique en cette fin de saison sèche… attente récompensée : d'abord un grand pachyderme solitaire, rapidement rejoint par un troupeau
Feulements, grognements, piaillements nocturnes d’origines inconnues. Et froid, grand froid
Au Nord, le Parc national du Niger et la ville de Malanville, porte vers le Niger.
Les vautours surveillent...
Le fleuve Niger , fleuve boueux dont les abords sont envahis de jacinthes d’eau d’un magnifique bleu et de nénuphars blancs, frontière entre les deux pays, traversé par un long pont sous haute surveillance militaire.
C’est une zone marécageuse où divaguent les zébus
Culture et battage du riz côtoient les pêcheurs et leurs barques…
Au Sud, quelques champs de coton
Le voyage en pirogue sur le lac de Nokoué, unique moyen de se rendre à la cité lacustre de Ganvié, riche en rencontre parmi les fleurs aquatiques.
La plage immense et déserte de Grand Popo, à la frontière du Togo, seul lieu « touristique » entre mer et forêt, où les pirogues s'allongent sous les palmiers.
La rencontre à Allada, l’un des trois anciens royaumes du Dahomey, du roi, faisant office de magistrat, gérant - à sa façon - les conflits de voisinage, familiaux.
Rencontre mémorable, hors de ma culture et de mon temps…
Enfin, Ouidah, petit port d’où partaient les bateaux négriers pour Nantes
Ouidah et ses environs dont les murs suintent les sortilèges, la sorcellerie, plus qu’ailleurs. Juste des sensations tenaces, des impressions et des oppressions qui n’impriment pas la pellicule…
Aux alentours, des paysages d’eau et de verdure pour calmer les angoisses, paysages écrasés par le blanc du ciel lourd, saturés d’humidité
Quelques fleurs aussi, comme ces universels liserons ; quelques libellules !
Je n’ai pas de photos non plus de la misère dans chaque ville et de son cortège d’enfants quémandeurs, des désastres du paludisme et de la faim mais les images sont gravées dans ma mémoire
Souvenirs pêle-mêle...
Incomplets, estompés, de ces longues, très longues discutions à bâton rompu… à refaire le monde et la justice.